Le présentéisme au travail est une tradition bien ancrée dans la culture française. En France, il est en effet très bien perçu de « cumuler les heures » de travail, contrairement à d’autres pays européens comme l’Allemagne où sortir tôt du travail est un signe d’organisation.
Ce présentéisme représente paradoxalement un coût pour l’entreprise, supérieur à celui de l’absentéisme.
Définition du présentéisme
Le présentéisme est une notion qui est régulièrement mise à l’étude par les professionnels de la santé, notamment les mutuelles santés et les compagnies d’assurance. On distingue deux types de présentéisme.
Le « surprésentéisme », c’est-à-dire le fait de se surinvestir professionnellement, en travaillant notamment le soir et le week-end. Le surprésentéisme définit également les personnes qui ne prennent pas l’intégralité de leurs congés.
Le « présentéisme maladie » définit le fait pour un salarié de se rendre au travail alors même que son état physique ou psychique nécessite du repos. Un sondage récemment réalisé est sans appel : en 2018, ce sont 41% des salariés qui ont déclaré travailler alors que leur médecin leur avait délivré un certificat d’arrêt de travail. Ce chiffre est trois fois plus élevé qu’il y a cinq ans.
Les raisons évoquées par les salariés pour justifier leur présentéisme maladie sont multiples : Ils indiquent qu’ils ne voulaient pas « se laisser aller », ou que « leur état de santé ne les empêchait pas d’aller au travail » ; ils craignaient d’être surchargés à leur retour et ne voulaient pas déléguer à leurs collègues une surcharge de travail.
La France est la championne d’Europe du présentéisme ; en effet, traditionnellement, il est bien perçu dans les sociétés françaises de multiplier les heures de travail, et de se rendre à son entreprise même en étant malade.
La présence physique est parfois plus appréciée que la productivité en France.
De fait, les managers sont souvent observés sur le taux de présentéisme de leurs équipes, par exemple. Il semblerait que les salariés de l’hexagone, en faisant acte de présence malgré la maladie, souhaitent lutter contre l’image caricaturale du Français absentéiste et vindicatif.
Un coût conséquent pour les entreprises
Or, se rendre au travail en étant malade est un fort mauvais calcul, pour le salarié comme pour son entreprise.
Une étude menée en 2016 par Sara Evans-Lacko et Martin Knapp dans huit pays différents montre en effet des résultats pour le moins surprenants : le présentéisme en entreprise coûte cinq à dix fois plus cher aux employeurs que l’absentéisme !
Une étude réalisée aux Etats-Unis démontre que le présentéisme maladie représente un coût de 225,8 milliards de dollars par an. 71% de ces coûts sont directement liés à la baisse de productivité des salariés durant cette période. Nombreux sont les salariés qui admettent que, dans des périodes de présentéisme maladie, ils sont physiquement présents mais que leur productivité est en chute libre.
Le docteur Philippe Rodet, auteur de l’ouvrage « le Management bienveillant » et fondateur du cabinet Bien-être et entreprise, explique que la productivité d’un salarié en situation de présentéisme baisse de 33% : difficultés de mémorisation, baisse de la concentration …
Les risques de contagion sont également à prendre en compte ; un salarié présent qui contamine ses collègues occasionne plus de pertes que de bénéfices à son entreprise.
Moralité ? Si vous êtes malade et que le médecin vous donne un arrêt de travail, restez au chaud … vous serez plus productif !